Leçons et expériences de la Révolution de 1979
La Révolution populaire de 1978 qui a renversé le régime monarchique par une insurrection armée le 19 février 1979 est un très important événement dans l’histoire des luttes des masses populaires d’Iran. Cette Révolution a échoué. Mais cet échec n’est pas la négation de la grandeur de l’événement historique. Car primo, cette tâche et cette lutte vaillantes et héroïques des masses d’ouvriers et de travailleurs d’Iran avaient pour but le renversement de l’ordre existant, c’est pourquoi la Révolution fut mise en échec par les réactionnaires ; secundo, cette Révolution a donné des leçons aux masses populaires et à nous, les révolutionnaires communistes tel que sans elle, les expériences acquises n’auront jamais été possibles.
Tous les jours de la Révolution apportaient des leçons et expériences, tellement les choses allaient vite. Bien entendu ces leçons et expériences résultent de la pratique révolutionnaire des masses populaires et ne seront pas effacées de leur mémoire. Mais à cause des efforts des réactionnaires il faut sans cesse les rappeler pour qu’elles ne partent pas de la mémoire historique des masses populaires. Il faut les rappeler pour que dans la future révolution les expériences positives soient appliquées, les leçons négatives soient évitées et les erreurs ne soient pas commises de nouveau.
1)Période révolutionnaire et formations des luttes populaires
Dans la vie des luttes des masses populaires de tout pays deux périodes sont distinctes, l’une, celle de la stagnation politique et l’autre, celle de la révolution. La stagnation politique est la période du règne de la contre-révolution et du recul politique des masses populaires. A cette période les masses populaires sont éloignées de la vie politique active, les formes de luttes sont celles dans le cadre de l’ordre existant, elles sont légales. La révolution est la période où les masses populaires participent activement à la vie politique, leurs luttes ne se limitent pas au cadre des lois établies et l’ordre existant est mis en question dans un combat de front.
En Iran jusqu’au début de la deuxième moitié des années 1970 la stagnation politique et le règne de la contre-révolution étaient établis.
A cette époque-là, malgré les pressions matérielles et morales, la répression et l’inexistence des droits des masses populaires les luttes étaient limitées, la vie politique active et les formes de luttes révolutionnaires inexistantes. La raison principale de cette stagnation était que les contradictions n’étaient pas aussi importantes et accentuées pour que la colère révolutionnaire des masses explose et les incite à mener une lutte acharnée contre le régime. Cela ne voulait bien entendu pas dire que les masses étaient contentes de leurs conditions et que la dictature n’avait aucun effet sur la croissance des luttes. La dictature du régime du Chah barrait encore la voie aux luttes et les contradictions n’étaient pas encore mûres pour que le mouvement entre dans une nouvelle étape. A la deuxième moitié des années 1970 malgré la dictature très apparente du régime les gens se sont levés et ont commencé une lutte acharnée. Cette période a vu des luttes limitées, individuelles et régionales. Le mouvement des pauvres des banlieues de Téhéran, l’envolée des luttes estudiantines et les manifestations des populations des villes, surtout celles de Tabriz et de Ghom étaient les événements importants de cette période-là. A ce stade, les luttes étaient les prémices d’une nouvelle étape révolutionnaire. Les masses populaires choisissaient de nouvelles formes de luttes bien supérieures aux précédentes. Les manifestations se développaient et se généralisaient. Les grèves devenaient plus fréquentes et grandes. Elles étaient au début éparpillées et axées sur des revendications seulement économiques. Mais leur développement et les revendications politiques demandées obéissaient bien à la logique des luttes de cette époque. C’est bien pour cela que les grèves ont fini leur marche vers une grève générale politique. L’expérience a montré que la formation de la grève générale politique a transformé les manifestations éparpillées et régionales aux manifestations dans tout le pays. Deux formes principales de luttes se sont rejointes à ce stade, la grève générale politique et les manifestations de masses partout dans le pays. Cela était bien la particularité de cette période du mouvement où la situation révolutionnaire était présente. A la fin de l’année 1978 la situation révolutionnaire était établie en Iran. A ce moment-là la crise politique a pris une dimension nationale. Les masses populaires ne pouvaient et ne voulaient plus vivre comme avant. La classe dirigeante ne pouvait non plus régner comme auparavant. Les masses populaires ont pris les libertés non pas par les lois et décrets de l’Etat mais par la pratique et la lutte. Elles ont constitué les comités de grève et les conseils de quartiers pour appliquer le pouvoir populaire. Ceci était à vrai dire l’embryon de la dictature démocratico-révolutionnaire du peuple. Les comités de grève qui s’étaient constitués au cours de la grève générale politique ne reconnaissaient pas d’autorités au-dessus des leurs. Les affaires courantes dans les plus important des établissements n’étaient pas dans les mains des ministres, des directeurs ou des bureaucrates de l’Etat, les élus des populations s’en sont occupées, ils prenaient des décisions au sein des comités de grèves. Les conseils de quartiers ont pris les responsabilités des besoins et des affaires courantes des gens.
L’accroissement du mouvement était arrivé à un tel stade qu’il fallait franchir encore une étape. Cela demandait une insurrection armée populaire pour prendre le pouvoir et cela s’est bien réalisé. L’insurrection armée a commencé le 10 février 1979 et a pris des dimensions très importantes le lendemain. Cette insurrection est arrivée à l’étape suprême des luttes politiques populaires alors que le régime du Chah était complètement affaibli. Le régime du Chah ne pouvait pas être renversé par une insurrection armée au début des années 1970, car ni les masses populaires ni le régime n’y étaient prêts et ses forces militaires étaient affaiblies. Il était nécessaire qu’avant l’insurrection de larges masses rejoignent les rangs du mouvement et de la révolution, qu’elles essayent d’autres formes de luttes pour connaître leur inefficacité et qu’elles s’aperçoivent de la nécessité du renversement violent du régime par une insurrection armée.
Cette importante découverte des masses populaires s’est manifestée lorsque à la suite des manifestations et de la grève générale politique réprimées violemment par les forces militaires du régime du Chah les slogans de “armons-nous” et “dirigeants, armez-nous” sont sortis du mouvement même. Il était nécessaire aussi qu’avant une insurrection le régime soit affaibli économiquement, politiquement et militairement. Il fallait ouvrir une grande brèche dans la classe dirigeante, l’appareil d’Etat et ses forces armées. Toutes ces conditions étaient préparées au début du mois de février 1979 pour que l’insurrection armée populaire éclate. Malgré les efforts des réactionnaires qui voulaient maîtriser la Révolution, les gens ont pris les armes et ont balayé le régime monarchique.
Quels sont les résultats de cette expérience ? Comment faut-il en tirer des leçons pour le renversement du régime de la République islamique ? L’accroissement et le développement des protestations, des manifestations et insurrections individuelles et régionales dans certaines villes démontrent que les masses populaires sont de nouveau au seuil d’une période révolutionnaire nouvelle. Le mouvement n’est pas encore étendu, les insurrections et manifestations sont éparpillées et régionales, les grèves ouvrières ne sont pas développées et n’ont pour but que des revendications économiques. Le régime islamique lui-même n’est pas menacé d’une crise politique générale et nationale. Mais en tout cas l’étape actuelle du mouvement et les crises économiques et politiques existantes prouvent que les masses populaires marchent dans la voie des nouvelles luttes. Différents facteurs authentiques et mentaux peuvent influencer l’accroissement du mouvement et ainsi l’accélérer. De toute manière la perspective de la progression des luttes et leur passage à une étape supérieure sont bien évidents. L’expérience a montré que l’accrochage définitif avec le régime commencera lorsque aura débuté la grève générale politique, ainsi le mouvement aura une forme universelle et la grève générale et les manifestations de masses se rallieront. Ceci sera une étape sensible et primordiale du renversement du régime de la République islamique. L’expérience a montré que seulement ces formes de luttes peuvent affaiblir le régime politiquement, économiquement et militairement. Ainsi la brèche dans les rangs de l’Etat s’approfondira, ses forces militaires seront amoindries et son renversement irrémédiable. L’expérience a montré que la grève générale politique et les manifestations de masses sont très importantes dans un moment donné du mouvement populaire, mais elles ne sont pas suffisantes pour renverser le régime. Les réactionnaires ne lâcheront pas le pouvoir volontairement ni même par des luttes pacifiques. Ils résisteront contre les masses populaires qui manifestent et font grève contre le pouvoir. La solution définitive du renversement des réactionnaires est l’insurrection armée. L’expérience de l’insurrection armée contre le régime du Chah a montré aux masses populaires que le renversement du régime de la République islamique n’est possible que par une insurrection armée nationale. La République islamique ne sera renversée que par une grève générale politique, de grandes manifestations de masses et finalement une insurrection armée.
L’expérience de la Révolution de 1979 a montré aux masses que les libertés s’obtiennent en luttant. Les réactionnaires régneront jusqu’au dernier moment par la répression et la dictature. N’oublions pas que le régime du Chah n’était jamais prêt à reconnaître les moindres libertés et droits démocratiques des gens. Il les a admis lorsque les populations les avaient pris en luttant dans les rues et lieux de travail sans tenir compte des limitations légales de l’Etat. Il faut dire que si à ce moment-là les gens lui avaient fait confiance et ne l’avaient pas renversé, il aurait repris tous les fruits du mouvement des masses. Comme cela fut le cas du coup d’Etat du 19 août 1953.
Le problème des libertés et droits démocratiques des masses populaires et toutes leurs revendications dépend du renversement du régime actuel et de la prise du pouvoir par les masses elles-mêmes.
2)Forces participantes à la Révolution
Dans la Révolution contre le régime du Chah, le mouvement formé n’a pas été celui d’une classe contre une autre, il comprenait les ouvriers et de larges couches de la petite-bourgeoisie. Ces forces se sont unies et levées pour le renversement du régime du Chah. Cette réalité de l’union de la classe ouvrière et de la petite-bourgeoisie montre que dans la société iranienne une série de paramètres authentiques et mentaux font que ces deux forces se rassemblent dans un seul rang. Cette union relevait de l’étape démocratique de la Révolution. Cela prouvait bien que cette Révolution ne pouvait pas se donner de tâches socialistes à sa première étape. La réalité authentique de la formation de cette union a démontré que la présence de la petite-bourgeoisie à la Révolution a des fondements réels et matériels. Cette couche était sous la pression des grands capitaux et de la dictature. Pour les libertés politiques et les droits démocratiques, pour se débarrasser de la pression des grands capitaux et améliorer ses conditions matérielles, la petite-bourgeoisie a rejoint les rangs de la Révolution. Toutes les couches de la petite-bourgeoisie n’avaient pas les mêmes attitudes face aux changements révolutionnaires. Alors que les couches inférieures et moyennes de la petite-bourgeoisie demandaient la poursuite de la Révolution, malgré beaucoup d’hésitations qui viennent de la nature même de cette couche, la couche supérieure était sans cesse sur le point de trahir et de compromettre les objectifs de la Révolution. Une partie de cette dernière couche a finalement participé à la mise en échec et à la répression de la Révolution en se compromettant avec la bourgeoisie. Quelles leçons faut-il tirer de cette expérience ? Comment faut-il éviter les erreurs dans les prochaines tournures révolutionnaires ?
La réalité est qu’actuellement deux combats se passent en Iran. Le combat des ouvriers contre les capitalistes pour les objectifs socialistes et le combat commun des ouvriers et des couches radicales de la petite-bourgeoisie pour des revendications démocratiques. Ces deux fronts de combats démontrent que dans la prochaine Révolution à part la classe ouvrière, les couches radicales de la petite-bourgeoisie auront un rôle à jouer. Cette évidence se confirme dans les manifestations et insurrections de ces deux ou trois dernières années. Des couches de la petite-bourgeoisie ont pris part aux actions contestataires avec les ouvriers. Il faut garder à l’esprit donc cette réalité sans toutefois oublier les dangers que cela comportent. Ces dangers ne sont autres que la dissolution du prolétariat dans le mouvement général. La réalité de la participation de la petite-bourgeoisie et de l’action commune de celle-ci avec le prolétariat est indéniable. La solution pour dissiper le danger de la dissolution du prolétariat dans le mouvement général se trouve dans l’indépendance de classe des ouvriers et dans la délimitation du rang et des politiques de la classe ouvrière face aux diverses couches de la petite-bourgeoisie et cela sans nuire à l’action commune. Il est nécessaire de nous rappeler que l’expérience de la précédente Révolution nous montre qu’il ne faut absolument pas faire confiance aux couches supérieures de la petite-bourgeoisie qui sont capables de trahison et de compromission à tout moment.
3)Problème du pouvoir et confiscation du pouvoir par la bourgeoisie
Le problème principal de toute révolution est celui du pouvoir, la classe qui prendra le pouvoir déterminera le destin de la révolution.
La Révolution d’Iran était une révolution populaire, ses forces étaient la classe ouvrière et les couches radicales de la petite-bourgeoisie. Malgré cela le pouvoir politique fut pris de nouveau par la bourgeoisie après le renversement du régime du Chah. Les raisons pour lesquelles la bourgeoisie confisqua le pouvoir était les suivantes : primo la classe ouvrière qui était la classe la plus radicale et la plus persévérante de la Révolution manquait d’organisation et de prise de conscience suffisante pour diriger le mouvement et prendre le pouvoir politique avec les masses travailleuses. Secundo des années de dictature et de répression du régime du Chah avaient gardé les masses populaires dans la non-prise de conscience et de non-connaissance. Elles ne distinguaient pas les amis des ennemis. Elles étaient crédules, l’erreur résultant de l’absence de prise de conscience suffisante. Les masses populaires ont ainsi fait confiance aux réactionnaires qui s’étaient présentés comme des amis du peuple et défenseurs de ses revendications. A la tête des réactionnaires se trouvait Khoméini qui a pris la tête du mouvement. Alors que la classe ouvrière ne pouvait diriger le mouvement et que les masses populaires ont fait confiance à Khoméini et ses troupes ; une compromission entre la bourgeoisie, le clergé et les couches supérieures de la petite-bourgeoisie s’est réalisée. Cette compromission s’est finalisée par l’instauration de la République islamique et la reconfiscation du pouvoir par la bourgeoisie. Ainsi la contre-révolution a repris le pouvoir dans un autre habit et commença à mettre en échec la Révolution.
Cette expérience nous enseigne que si la classe ouvrière n’est pas organisée pour diriger le mouvement, l’échec de la révolution est irrémédiable. Le destin de la future Révolution dépend donc du commandement de la classe ouvrière. Si la classe ouvrière réussit à diriger la révolution et à prendre le pouvoir avec les travailleurs après le renversement du régime de la République islamique, alors la future Révolution sera victorieuse.
L’expérience de la Révolution de 1979 a montré aux masses populaires d’Iran qu’il ne faut pas faire confiance à des charlatans comme Khoméini et ses semblables afin que les conséquences de la Révolution ne soient pas piétinées.
4)Problème du pouvoir politique, organes de souveraineté, Etat populaire et problème de l’appareil d’Etat
L’une des plus importantes expériences de la Révolution de 1979 est que les masses d’ouvriers et de travailleurs ont bien pratiqué les formes de la souveraineté populaire. A la suite de la grève générale politique et de l’insurrection armée les masses d’ouvriers et de travailleurs ont construit un organe de souveraineté, c’est-à-dire les conseils dans les usines, quartiers, établissements de services et villages. Ces conseils se sont rapidement développés après l’insurrection et en fait représentaient une forme d’un double pouvoir dans le pays. Ils ont été vite attaqués par les réactionnaires ou transformés en des conseils islamiques. Ils n’ont pas eu le temps de montrer leur efficacité. Mais leur courte durée a bien prouvé aux ouvriers et travailleurs qu’ils sont les plus démocratiques des organes de souveraineté et qu’ils peuvent ainsi instaurer le plus démocratique des Etats. En même temps l’expérience de la Révolution a montré qu’il y a une relation directe entre l’anéantissement de l’ancien appareil d’Etat et de l’instauration des conseils. Cette réalité a été démontrée aux masses d’ouvriers et de travailleurs qu’en même temps que l’insurrection se faisait, que les masses populaires s’armaient, parallèlement à tout cela les forces militaires de l’Etat et de la bureaucratie se désagrégeaient. A ce moment-là les conseils appliquaient bien leur propre pouvoir. Lorsque le régime islamique a rétabli l’armée et la bureaucratie, il attaqua les conseils populaires, les réprima, les détruisit ou bien les remplaça par les conseils jaunes islamiques.
L’expérience de la Révolution de 1979 a montré aux ouvriers et travailleurs d’Iran qu’ils doivent lutter dans la prochaine Révolution pour l’instauration d’un Etat de conseils (soviétique). Un Etat soviétique des ouvriers et des travailleurs ne pourra pas être instauré sans armement général des masses populaires et sans que tout l’ancien appareil d’Etat, entre autres ses forces militaires et bureaucrates, ne soient entièrement démolis et jetés comme les bases et fondements de l’appareil d’Etat.
5)Révolution de 1979 et faiblesse du mouvement communiste
La Révolution de 1979 s’est passée à une période où le mouvement communiste d’Iran était faible. La répression et la dictature du régime du Chah avaient pour cible première le mouvement ouvrier, de gauche et communiste d’Iran. L’appareil de sécurité militaro-policier du régime du Chah employait tous ses moyens pour que primo les pensées communistes ne soient pas propagées dans la classe ouvrière, afin que celle-ci ne connaisse pas ses intérêts de classe. Secundo cet appareil réprimait par tous les moyens le mouvement communiste. Sous le régime du Chah de nombreux communistes iraniens furent exécutés. De nombreux autres étaient condamnés à de longues peines de prison. Ces répressions ont eu leur influence négative sur la progression du mouvement communiste d’Iran. L’autre raison de la faiblesse du mouvement communiste iranien avait pour cause les scandales et trahisons du Parti Toudeh. A cause des politiques de ce Parti, le communisme était discrédité en Iran. Seulement après le 9 février 1971, date de la fondation de notre Organisation et par suite de ses luttes le communisme retrouvait petit à petit de l’estime auprès des masses populaires. Le mouvement communiste est toujours quantitativement très faible et n’a pas d’influence suffisante auprès des masses. La seule organisation en laquelle les masses d’ouvriers, de travailleurs et d’intellectuels révolutionnaires avait confiance était notre Organisation. Notre Organisation a pu devenir une grande organisation influente peu après l’insurrection populaire de février 1979 et cela malgré tous les coups qu’elle avait reçus pendant des années, à cause de ses luttes. Nous avons servi le mouvement autant que nous pouvions. Nous avons organisé des ouvriers et travailleurs afin de défendre la Révolution. Mais nous n’avons pas pu avoir une pratique telle qu’une organisation communiste devait avoir. Car à un moment crucial de la Révolution, lorsque la réaction organisa ses attaques contre la Révolution, une partie de nos forces, qui se sont appelées “Majorité” ont trahi les buts de la classe ouvrière et des travailleurs, pire encore, elles ont collaboré avec la réaction pour réprimer le mouvement. Nous, les Fedayin (Minorité), avons commencé la lutte contre la réaction, mais nous n’étions pas dans une situation de neutraliser l’attaque de la contre-révolution. Pourquoi ? La principale faiblesse de notre Organisation était que nous n’avions pas de stratégie et de tactiques définies prolétariennes sous forme d’un programme franc, clair et écrit. N’étant pas nombreux, avant l’insurrection, n’ayant pas de positions claires après l’insurrection, nous n’étions pas en mesure de diriger le mouvement ou de neutraliser la réaction. L’inexistence de programme et de tactiques précises avait transformé notre Organisation en une organisation où tout le monde pouvait y entrer dès qu’il avait de vagues convictions socialistes, démocratiques etc. L’impuissance de l’Organisation pour diriger le mouvement et l’opportunisme grandissant étaient évidents et inévitables. Cette expérience nous a enseigné qu’une organisation communiste et prolétarienne ne pourra participer à la Révolution que lorsqu’elle aura un programme et des tactiques clairs et écrits. Il faut qu’elle ait aussi une discipline de fer consciente. Sinon même si elle organise des centaines ou même des millions de personnes dans ses rangs, elle ne pourra jamais diriger le mouvement de classe ouvrière vers la victoire. Leçons et expériences de la Révolution de 1979
La Révolution populaire de 1978 qui a renversé le régime monarchique par une insurrection armée le 19 février 1979 est un très important événement dans l’histoire des luttes des masses populaires d’Iran. Cette Révolution a échoué. Mais cet échec n’est pas la négation de la grandeur de l’événement historique. Car primo, cette tâche et cette lutte vaillantes et héroïques des masses d’ouvriers et de travailleurs d’Iran avaient pour but le renversement de l’ordre existant, c’est pourquoi la Révolution fut mise en échec par les réactionnaires ; secundo, cette Révolution a donné des leçons aux masses populaires et à nous, les révolutionnaires communistes tel que sans elle, les expériences acquises n’auront jamais été possibles.
Tous les jours de la Révolution apportaient des leçons et expériences, tellement les choses allaient vite. Bien entendu ces leçons et expériences résultent de la pratique révolutionnaire des masses populaires et ne seront pas effacées de leur mémoire. Mais à cause des efforts des réactionnaires il faut sans cesse les rappeler pour qu’elles ne partent pas de la mémoire historique des masses populaires. Il faut les rappeler pour que dans la future révolution les expériences positives soient appliquées, les leçons négatives soient évitées et les erreurs ne soient pas commises de nouveau.
1)Période révolutionnaire et formations des luttes populaires
Dans la vie des luttes des masses populaires de tout pays deux périodes sont distinctes, l’une, celle de la stagnation politique et l’autre, celle de la révolution. La stagnation politique est la période du règne de la contre-révolution et du recul politique des masses populaires. A cette période les masses populaires sont éloignées de la vie politique active, les formes de luttes sont celles dans le cadre de l’ordre existant, elles sont légales. La révolution est la période où les masses populaires participent activement à la vie politique, leurs luttes ne se limitent pas au cadre des lois établies et l’ordre existant est mis en question dans un combat de front.
En Iran jusqu’au début de la deuxième moitié des années 1970 la stagnation politique et le règne de la contre-révolution étaient établis.
A cette époque-là, malgré les pressions matérielles et morales, la répression et l’inexistence des droits des masses populaires les luttes étaient limitées, la vie politique active et les formes de luttes révolutionnaires inexistantes. La raison principale de cette stagnation était que les contradictions n’étaient pas aussi importantes et accentuées pour que la colère révolutionnaire des masses explose et les incite à mener une lutte acharnée contre le régime. Cela ne voulait bien entendu pas dire que les masses étaient contentes de leurs conditions et que la dictature n’avait aucun effet sur la croissance des luttes. La dictature du régime du Chah barrait encore la voie aux luttes et les contradictions n’étaient pas encore mûres pour que le mouvement entre dans une nouvelle étape. A la deuxième moitié des années 1970 malgré la dictature très apparente du régime les gens se sont levés et ont commencé une lutte acharnée. Cette période a vu des luttes limitées, individuelles et régionales. Le mouvement des pauvres des banlieues de Téhéran, l’envolée des luttes estudiantines et les manifestations des populations des villes, surtout celles de Tabriz et de Ghom étaient les événements importants de cette période-là. A ce stade, les luttes étaient les prémices d’une nouvelle étape révolutionnaire. Les masses populaires choisissaient de nouvelles formes de luttes bien supérieures aux précédentes. Les manifestations se développaient et se généralisaient. Les grèves devenaient plus fréquentes et grandes. Elles étaient au début éparpillées et axées sur des revendications seulement économiques. Mais leur développement et les revendications politiques demandées obéissaient bien à la logique des luttes de cette époque. C’est bien pour cela que les grèves ont fini leur marche vers une grève générale politique. L’expérience a montré que la formation de la grève générale politique a transformé les manifestations éparpillées et régionales aux manifestations dans tout le pays. Deux formes principales de luttes se sont rejointes à ce stade, la grève générale politique et les manifestations de masses partout dans le pays. Cela était bien la particularité de cette période du mouvement où la situation révolutionnaire était présente. A la fin de l’année 1978 la situation révolutionnaire était établie en Iran. A ce moment-là la crise politique a pris une dimension nationale. Les masses populaires ne pouvaient et ne voulaient plus vivre comme avant. La classe dirigeante ne pouvait non plus régner comme auparavant. Les masses populaires ont pris les libertés non pas par les lois et décrets de l’Etat mais par la pratique et la lutte. Elles ont constitué les comités de grève et les conseils de quartiers pour appliquer le pouvoir populaire. Ceci était à vrai dire l’embryon de la dictature démocratico-révolutionnaire du peuple. Les comités de grève qui s’étaient constitués au cours de la grève générale politique ne reconnaissaient pas d’autorités au-dessus des leurs. Les affaires courantes dans les plus important des établissements n’étaient pas dans les mains des ministres, des directeurs ou des bureaucrates de l’Etat, les élus des populations s’en sont occupées, ils prenaient des décisions au sein des comités de grèves. Les conseils de quartiers ont pris les responsabilités des besoins et des affaires courantes des gens.
L’accroissement du mouvement était arrivé à un tel stade qu’il fallait franchir encore une étape. Cela demandait une insurrection armée populaire pour prendre le pouvoir et cela s’est bien réalisé. L’insurrection armée a commencé le 10 février 1979 et a pris des dimensions très importantes le lendemain. Cette insurrection est arrivée à l’étape suprême des luttes politiques populaires alors que le régime du Chah était complètement affaibli. Le régime du Chah ne pouvait pas être renversé par une insurrection armée au début des années 1970, car ni les masses populaires ni le régime n’y étaient prêts et ses forces militaires étaient affaiblies. Il était nécessaire qu’avant l’insurrection de larges masses rejoignent les rangs du mouvement et de la révolution, qu’elles essayent d’autres formes de luttes pour connaître leur inefficacité et qu’elles s’aperçoivent de la nécessité du renversement violent du régime par une insurrection armée.
Cette importante découverte des masses populaires s’est manifestée lorsque à la suite des manifestations et de la grève générale politique réprimées violemment par les forces militaires du régime du Chah les slogans de “armons-nous” et “dirigeants, armez-nous” sont sortis du mouvement même. Il était nécessaire aussi qu’avant une insurrection le régime soit affaibli économiquement, politiquement et militairement. Il fallait ouvrir une grande brèche dans la classe dirigeante, l’appareil d’Etat et ses forces armées. Toutes ces conditions étaient préparées au début du mois de février 1979 pour que l’insurrection armée populaire éclate. Malgré les efforts des réactionnaires qui voulaient maîtriser la Révolution, les gens ont pris les armes et ont balayé le régime monarchique.
Quels sont les résultats de cette expérience ? Comment faut-il en tirer des leçons pour le renversement du régime de la République islamique ? L’accroissement et le développement des protestations, des manifestations et insurrections individuelles et régionales dans certaines villes démontrent que les masses populaires sont de nouveau au seuil d’une période révolutionnaire nouvelle. Le mouvement n’est pas encore étendu, les insurrections et manifestations sont éparpillées et régionales, les grèves ouvrières ne sont pas développées et n’ont pour but que des revendications économiques. Le régime islamique lui-même n’est pas menacé d’une crise politique générale et nationale. Mais en tout cas l’étape actuelle du mouvement et les crises économiques et politiques existantes prouvent que les masses populaires marchent dans la voie des nouvelles luttes. Différents facteurs authentiques et mentaux peuvent influencer l’accroissement du mouvement et ainsi l’accélérer. De toute manière la perspective de la progression des luttes et leur passage à une étape supérieure sont bien évidents. L’expérience a montré que l’accrochage définitif avec le régime commencera lorsque aura débuté la grève générale politique, ainsi le mouvement aura une forme universelle et la grève générale et les manifestations de masses se rallieront. Ceci sera une étape sensible et primordiale du renversement du régime de la République islamique. L’expérience a montré que seulement ces formes de luttes peuvent affaiblir le régime politiquement, économiquement et militairement. Ainsi la brèche dans les rangs de l’Etat s’approfondira, ses forces militaires seront amoindries et son renversement irrémédiable. L’expérience a montré que la grève générale politique et les manifestations de masses sont très importantes dans un moment donné du mouvement populaire, mais elles ne sont pas suffisantes pour renverser le régime. Les réactionnaires ne lâcheront pas le pouvoir volontairement ni même par des luttes pacifiques. Ils résisteront contre les masses populaires qui manifestent et font grève contre le pouvoir. La solution définitive du renversement des réactionnaires est l’insurrection armée. L’expérience de l’insurrection armée contre le régime du Chah a montré aux masses populaires que le renversement du régime de la République islamique n’est possible que par une insurrection armée nationale. La République islamique ne sera renversée que par une grève générale politique, de grandes manifestations de masses et finalement une insurrection armée.
L’expérience de la Révolution de 1979 a montré aux masses que les libertés s’obtiennent en luttant. Les réactionnaires régneront jusqu’au dernier moment par la répression et la dictature. N’oublions pas que le régime du Chah n’était jamais prêt à reconnaître les moindres libertés et droits démocratiques des gens. Il les a admis lorsque les populations les avaient pris en luttant dans les rues et lieux de travail sans tenir compte des limitations légales de l’Etat. Il faut dire que si à ce moment-là les gens lui avaient fait confiance et ne l’avaient pas renversé, il aurait repris tous les fruits du mouvement des masses. Comme cela fut le cas du coup d’Etat du 19 août 1953.
Le problème des libertés et droits démocratiques des masses populaires et toutes leurs revendications dépend du renversement du régime actuel et de la prise du pouvoir par les masses elles-mêmes.
2)Forces participantes à la Révolution
Dans la Révolution contre le régime du Chah, le mouvement formé n’a pas été celui d’une classe contre une autre, il comprenait les ouvriers et de larges couches de la petite-bourgeoisie. Ces forces se sont unies et levées pour le renversement du régime du Chah. Cette réalité de l’union de la classe ouvrière et de la petite-bourgeoisie montre que dans la société iranienne une série de paramètres authentiques et mentaux font que ces deux forces se rassemblent dans un seul rang. Cette union relevait de l’étape démocratique de la Révolution. Cela prouvait bien que cette Révolution ne pouvait pas se donner de tâches socialistes à sa première étape. La réalité authentique de la formation de cette union a démontré que la présence de la petite-bourgeoisie à la Révolution a des fondements réels et matériels. Cette couche était sous la pression des grands capitaux et de la dictature. Pour les libertés politiques et les droits démocratiques, pour se débarrasser de la pression des grands capitaux et améliorer ses conditions matérielles, la petite-bourgeoisie a rejoint les rangs de la Révolution. Toutes les couches de la petite-bourgeoisie n’avaient pas les mêmes attitudes face aux changements révolutionnaires. Alors que les couches inférieures et moyennes de la petite-bourgeoisie demandaient la poursuite de la Révolution, malgré beaucoup d’hésitations qui viennent de la nature même de cette couche, la couche supérieure était sans cesse sur le point de trahir et de compromettre les objectifs de la Révolution. Une partie de cette dernière couche a finalement participé à la mise en échec et à la répression de la Révolution en se compromettant avec la bourgeoisie. Quelles leçons faut-il tirer de cette expérience ? Comment faut-il éviter les erreurs dans les prochaines tournures révolutionnaires ?
La réalité est qu’actuellement deux combats se passent en Iran. Le combat des ouvriers contre les capitalistes pour les objectifs socialistes et le combat commun des ouvriers et des couches radicales de la petite-bourgeoisie pour des revendications démocratiques. Ces deux fronts de combats démontrent que dans la prochaine Révolution à part la classe ouvrière, les couches radicales de la petite-bourgeoisie auront un rôle à jouer. Cette évidence se confirme dans les manifestations et insurrections de ces deux ou trois dernières années. Des couches de la petite-bourgeoisie ont pris part aux actions contestataires avec les ouvriers. Il faut garder à l’esprit donc cette réalité sans toutefois oublier les dangers que cela comportent. Ces dangers ne sont autres que la dissolution du prolétariat dans le mouvement général. La réalité de la participation de la petite-bourgeoisie et de l’action commune de celle-ci avec le prolétariat est indéniable. La solution pour dissiper le danger de la dissolution du prolétariat dans le mouvement général se trouve dans l’indépendance de classe des ouvriers et dans la délimitation du rang et des politiques de la classe ouvrière face aux diverses couches de la petite-bourgeoisie et cela sans nuire à l’action commune. Il est nécessaire de nous rappeler que l’expérience de la précédente Révolution nous montre qu’il ne faut absolument pas faire confiance aux couches supérieures de la petite-bourgeoisie qui sont capables de trahison et de compromission à tout moment.
3)Problème du pouvoir et confiscation du pouvoir par la bourgeoisie
Le problème principal de toute révolution est celui du pouvoir, la classe qui prendra le pouvoir déterminera le destin de la révolution.
La Révolution d’Iran était une révolution populaire, ses forces étaient la classe ouvrière et les couches radicales de la petite-bourgeoisie. Malgré cela le pouvoir politique fut pris de nouveau par la bourgeoisie après le renversement du régime du Chah. Les raisons pour lesquelles la bourgeoisie confisqua le pouvoir était les suivantes : primo la classe ouvrière qui était la classe la plus radicale et la plus persévérante de la Révolution manquait d’organisation et de prise de conscience suffisante pour diriger le mouvement et prendre le pouvoir politique avec les masses travailleuses. Secundo des années de dictature et de répression du régime du Chah avaient gardé les masses populaires dans la non-prise de conscience et de non-connaissance. Elles ne distinguaient pas les amis des ennemis. Elles étaient crédules, l’erreur résultant de l’absence de prise de conscience suffisante. Les masses populaires ont ainsi fait confiance aux réactionnaires qui s’étaient présentés comme des amis du peuple et défenseurs de ses revendications. A la tête des réactionnaires se trouvait Khoméini qui a pris la tête du mouvement. Alors que la classe ouvrière ne pouvait diriger le mouvement et que les masses populaires ont fait confiance à Khoméini et ses troupes ; une compromission entre la bourgeoisie, le clergé et les couches supérieures de la petite-bourgeoisie s’est réalisée. Cette compromission s’est finalisée par l’instauration de la République islamique et la reconfiscation du pouvoir par la bourgeoisie. Ainsi la contre-révolution a repris le pouvoir dans un autre habit et commença à mettre en échec la Révolution.
Cette expérience nous enseigne que si la classe ouvrière n’est pas organisée pour diriger le mouvement, l’échec de la révolution est irrémédiable. Le destin de la future Révolution dépend donc du commandement de la classe ouvrière. Si la classe ouvrière réussit à diriger la révolution et à prendre le pouvoir avec les travailleurs après le renversement du régime de la République islamique, alors la future Révolution sera victorieuse.
L’expérience de la Révolution de 1979 a montré aux masses populaires d’Iran qu’il ne faut pas faire confiance à des charlatans comme Khoméini et ses semblables afin que les conséquences de la Révolution ne soient pas piétinées.
4)Problème du pouvoir politique, organes de souveraineté, Etat populaire et problème de l’appareil d’Etat
L’une des plus importantes expériences de la Révolution de 1979 est que les masses d’ouvriers et de travailleurs ont bien pratiqué les formes de la souveraineté populaire. A la suite de la grève générale politique et de l’insurrection armée les masses d’ouvriers et de travailleurs ont construit un organe de souveraineté, c’est-à-dire les conseils dans les usines, quartiers, établissements de services et villages. Ces conseils se sont rapidement développés après l’insurrection et en fait représentaient une forme d’un double pouvoir dans le pays. Ils ont été vite attaqués par les réactionnaires ou transformés en des conseils islamiques. Ils n’ont pas eu le temps de montrer leur efficacité. Mais leur courte durée a bien prouvé aux ouvriers et travailleurs qu’ils sont les plus démocratiques des organes de souveraineté et qu’ils peuvent ainsi instaurer le plus démocratique des Etats. En même temps l’expérience de la Révolution a montré qu’il y a une relation directe entre l’anéantissement de l’ancien appareil d’Etat et de l’instauration des conseils. Cette réalité a été démontrée aux masses d’ouvriers et de travailleurs qu’en même temps que l’insurrection se faisait, que les masses populaires s’armaient, parallèlement à tout cela les forces militaires de l’Etat et de la bureaucratie se désagrégeaient. A ce moment-là les conseils appliquaient bien leur propre pouvoir. Lorsque le régime islamique a rétabli l’armée et la bureaucratie, il attaqua les conseils populaires, les réprima, les détruisit ou bien les remplaça par les conseils jaunes islamiques.
L’expérience de la Révolution de 1979 a montré aux ouvriers et travailleurs d’Iran qu’ils doivent lutter dans la prochaine Révolution pour l’instauration d’un Etat de conseils (soviétique). Un Etat soviétique des ouvriers et des travailleurs ne pourra pas être instauré sans armement général des masses populaires et sans que tout l’ancien appareil d’Etat, entre autres ses forces militaires et bureaucrates, ne soient entièrement démolis et jetés comme les bases et fondements de l’appareil d’Etat.
5)Révolution de 1979 et faiblesse du mouvement communiste
La Révolution de 1979 s’est passée à une période où le mouvement communiste d’Iran était faible. La répression et la dictature du régime du Chah avaient pour cible première le mouvement ouvrier, de gauche et communiste d’Iran. L’appareil de sécurité militaro-policier du régime du Chah employait tous ses moyens pour que primo les pensées communistes ne soient pas propagées dans la classe ouvrière, afin que celle-ci ne connaisse pas ses intérêts de classe. Secundo cet appareil réprimait par tous les moyens le mouvement communiste. Sous le régime du Chah de nombreux communistes iraniens furent exécutés. De nombreux autres étaient condamnés à de longues peines de prison. Ces répressions ont eu leur influence négative sur la progression du mouvement communiste d’Iran. L’autre raison de la faiblesse du mouvement communiste iranien avait pour cause les scandales et trahisons du Parti Toudeh. A cause des politiques de ce Parti, le communisme était discrédité en Iran. Seulement après le 9 février 1971, date de la fondation de notre Organisation et par suite de ses luttes le communisme retrouvait petit à petit de l’estime auprès des masses populaires. Le mouvement communiste est toujours quantitativement très faible et n’a pas d’influence suffisante auprès des masses. La seule organisation en laquelle les masses d’ouvriers, de travailleurs et d’intellectuels révolutionnaires avait confiance était notre Organisation. Notre Organisation a pu devenir une grande organisation influente peu après l’insurrection populaire de février 1979 et cela malgré tous les coups qu’elle avait reçus pendant des années, à cause de ses luttes. Nous avons servi le mouvement autant que nous pouvions. Nous avons organisé des ouvriers et travailleurs afin de défendre la Révolution. Mais nous n’avons pas pu avoir une pratique telle qu’une organisation communiste devait avoir. Car à un moment crucial de la Révolution, lorsque la réaction organisa ses attaques contre la Révolution, une partie de nos forces, qui se sont appelées “Majorité” ont trahi les buts de la classe ouvrière et des travailleurs, pire encore, elles ont collaboré avec la réaction pour réprimer le mouvement. Nous, les Fedayin (Minorité), avons commencé la lutte contre la réaction, mais nous n’étions pas dans une situation de neutraliser l’attaque de la contre-révolution. Pourquoi ? La principale faiblesse de notre Organisation était que nous n’avions pas de stratégie et de tactiques définies prolétariennes sous forme d’un programme franc, clair et écrit. N’étant pas nombreux, avant l’insurrection, n’ayant pas de positions claires après l’insurrection, nous n’étions pas en mesure de diriger le mouvement ou de neutraliser la réaction. L’inexistence de programme et de tactiques précises avait transformé notre Organisation en une organisation où tout le monde pouvait y entrer dès qu’il avait de vagues convictions socialistes, démocratiques etc. L’impuissance de l’Organisation pour diriger le mouvement et l’opportunisme grandissant étaient évidents et inévitables. Cette expérience nous a enseigné qu’une organisation communiste et prolétarienne ne pourra participer à la Révolution que lorsqu’elle aura un programme et des tactiques clairs et écrits. Il faut qu’elle ait aussi une discipline de fer consciente. Sinon même si elle organise des centaines ou même des millions de personnes dans ses rangs, elle ne pourra jamais diriger le mouvement de classe ouvrière vers la victoire.