Une nouvelle Internationale peut-elle être fondée aujourd’hui ?
Notre Organisation est une organisation communiste et par conséquent elle est internationaliste. Notre attachement à l’internationalisme prolétarien est inséparable de nos convictions. Aucune organisation ne peut prétendre être communiste et défendre les objectifs et intérêts du prolétariat sans prendre en considération l’internationalisme prolétarien, l’union et la solidarité du prolétariat, cette classe mondiale qui a des intérêts et objectifs communs et internationaux. Nous avons la même définition de l’internationalisme que tous les autres communistes du monde entier c’est-à-dire celle de Marx, d’Engels et de Lénine. Selon cette définition, la nécessité de l’union et de la solidarité internationales des ouvriers contre le capital est le résultat des réalités mêmes du système capitaliste, de la logique de la lutte de classe prolétarienne et des objectifs et intérêts communs des ouvriers. Cette nécessité fut bien expliquée dans le premier programme mondial prolétarien, le Manifeste du parti communiste par Marx et Engels. L’avènement du capitalisme créa de profonds bouleversements historiquement dans les relations et les rapports des nations du monde entier. La bourgeoisie fonda des marchés mondiaux après avoir élaboré ses marchés intérieurs. La croissance et le développement de la production matérielle et par conséquent l’élargissement des relations capitalistes envoya la bourgeoisie aux quatre coins du monde. L’extension des industries et des moyens de communication accéléra ce processus et créa des rapports plus étroits entre les nations. Le capital brise donc, dès le début, toutes les limites nationales. Il part au-delà des frontières nationales et prend une spécificité internationale. La formation des multinationales dans le stade supérieur du capitalisme ou l’impérialisme excelle en cette spécificité. Le monde entier est à ce moment-là sur l’orbite du capital mondial. Tous les pays sont impliqués dans le marché capitaliste mondial. Il est vrai que la bourgeoisie agit comme une classe mondiale et que la classe ouvrière est exploitée par celle-ci mondialement. Le capitalisme est donc depuis son avènement une force internationale. La lutte contre celle-ci a besoin de l’union et de la solidarité des ouvriers du monde entier. Du développement du capitalisme, de l’élargissement des relations commerciales entre les nations et de l’évolution des communications naissent des relations de plus en plus étroites entre le prolétariat des différents pays du monde. Les ouvriers s’aperçoivent davantage des conditions de vie identiques entre eux, connaissent leurs objectifs et intérêts communs. L’esprit de solidarité et d’union grandit. Ils comprennent qu’ils n’ont qu’un ennemi et que la lutte a besoin de l’union internationale entre eux.
Les premiers efforts de rassemblement du prolétariat s’effectuèrent à la fin de la première moitié du 19ème siècle. Ces efforts envisageaient la création d’une organisation internationale ouvrière afin de développer et de lier consciemment les luttes de la classe ouvrière. La constitution de la Ligue communiste en 1847 et la rédaction d’un programme théorique et d’action de la classe ouvrière c’est-à-dire le Manifeste du parti communiste par Marx et Engels, dans lequel on trouve le slogan de “Prolétaires de tous les pays, unissez-vous” est bien dans la lignée de ces efforts. Malgré la courte durée de la Ligue communiste, l’effort conscient des ouvriers continua afin de créer une organisation internationale ouvrière. Dans une réunion des ouvriers anglais, français, allemands, italiens et de quelques autres pays en 1864 on adopta la proposition de la délégation française pour la fondation d’une organisation internationale ouvrière. Ainsi l’Association Internationale des Travailleurs ou la Première Internationale est née. Malgré la percée des tendances petites-bourgeoises dans l’Internationale, au cours de son discours inaugural Marx est parvenu à établir les fondements du communisme et de l’internationalisme prolétarien dans le programme et les statuts. Il y a été clairement déclaré que “l’émancipation des ouvriers n’est pas un problème régional ni national mais social” et que la prise du pouvoir politique est le premier devoir du prolétariat.
La Première Internationale joua un rôle important pour le rassemblement et l’unité des ouvriers et cela malgré son hétérogénéité. La Première Internationale fut dissoute en 1874 mais l’idée d’une organisation internationale ouvrière est restée. C’est pourquoi en 1889 la Deuxième Internationale fut fondée. Celle-ci contribua aussi à l’unité du prolétariat avant que les tendances de droite la confisquent. Finalement la Troisième Internationale, la plus grande et importante de toutes jusqu’à aujourd’hui, fut fondée en 1919 en Union soviétique après le triomphe de la Révolution socialiste. Elle disposa de stratégies et de tactiques complètement prolétariennes. Elle fut malheureusement dissoute pendant la seconde Guerre mondiale à cause des déviations qui sont apparues en Union soviétique. Après la dissolution de la troisième Internationale les ouvriers essayèrent de renforcer leur solidarité en se rassemblant autour du camp socialiste. L’accroissement des déviations dans le camp socialiste et le rôle tuteur du Parti communiste soviétique ont engendré des différends et des scissions. Ceci démontrait la nécessité de la création d’une nouvelle internationale pour que les prolétaires de tous les pays s’unissent et que les différends se résolvent. Mais beaucoup d’éléments, entre autres le rôle de l’Union soviétique dans le mouvement ouvrier empêchaient la fondation d’une telle organisation. Après l’effondrement de l’Union soviétique et des pays de l’Est la nécessité de la création d’une organisation internationale ouvrière se manifeste davantage. Tant que la classe ouvrière affronte le capital comme une force internationale et que la lutte contre cette force demande l’unité des prolétaires de tous les pays, cette nécessité existera. Les différentes conditions pourront influencer les diverses formes organisationnelles mais ne pourront pas nier cette nécessité.
La nécessité de cette organisation internationale ouvrière existe mais la mainmise de l’opportunisme dans le mouvement ouvrier fait barrage à sa création. Cette amère réalité de l’influence des partis bourgeois-libéraux soi-disant sociaux-démocrates sur beaucoup d’ouvriers des pays les plus développés n’est pas négligeable. Dans le meilleur des cas cette influence est exercée par des partis révisionnistes. Dans ces conditions il est difficile de songer à fonder une organisation internationale ouvrière immédiatement. La formation d’une telle organisation dépend de l’émancipation des ouvriers des mouvements non-prolétaires. Bien entendu les pré-conditions de cette émancipation sont maintenant prêtes. L’impasse du système capitaliste, l’accentuation des contradictions et des crises de ce système et la faillite politique des partis soi-disant sociaux-démocrates et révisionnistes aideront à la radicalisation du mouvement ouvrier pour qu’il se libère des partis non-prolétaires. Pendant ces dernières années quelques organisations communistes et ouvrières ont eu des contacts, surtout en Europe, pour créer une organisation internationale ouvrière. Mais elles n’ont pas vraiment réussi à avancer, car malheureusement elles n’ont pas de bases importantes dans le mouvement ouvrier. Sans de puissantes organisations prolétariennes l’on ne peut aborder la fondation d’une nouvelle internationale, tout au moins dans les pays capitalistes les plus développés.
Notre Organisation défendra une internationale non-opportuniste aidant les ouvriers à prendre le pouvoir dans le monde entier. Elle fera tout son possible pour qu’une telle organisation apparaisse. Tant que celle-ci n’est pas créée, nous obéissons à la politique léniniste de l’internationalisme, “l’internationalisme est un et seulement un, travailler sans cesse pour développer le mouvement révolutionnaire et la lutte révolutionnaire dans son pays et soutenir (par la propagande et les dons) cette lutte et seulement cette lutte dans tous les pays sans exception”.