Vingt-cinq ans de lutte pour le socialisme

Les conditions de la fondation

Aucun bilan scientifique et précis des luttes de notre Organisation ne pourra être donné, son rôle dans le mouvement communiste et ouvrier et ses expériences positives et négatives, sans connaître au préalable les conditions et la situation de ce mouvement à l’époque. Retournons donc aux année 1960 pour réfléchir sur les conditions réelles et mentales de cette époque-là. C’était une décennie où la société iranienne traversait une série d’évolutions économiques réelles. Les réformes agraires du régime du Chah avaient ouvert en particulier la voie de la croissance et du développement des relations capitalistes. Les investissements grandissants des capitaux impérialistes et le développement des grands établissements et le système de production capitaliste devinrent dominant. Ces évolutions économiques et relations de production furent accompagnées de certains changements sociaux et de classes. Par conséquent certaines contradictions furent résolues, certaines s’apaisèrent et certaines autres se créèrent. Le cadavre du féodalisme qui avait reçu des coups mortels pendant quelques décennies fut ainsi enterré. Les féodaux ont totalement perdu leurs puissances et influences et la bourgeoisie dépendante a pris toutes les rênes du pouvoir. La contradiction des paysans et des féodaux qui était l’une des principales de la société fut alors résolue et la production de petite paysannerie s’instaura dans les villages. Un grand nombre de paysans quittèrent les villages pour rejoindre la classe ouvrière des villes. Un autre groupe de paysans qui avait même reçu des terres s’appauvrissaient car les relations capitalistes se développaient dans les villages, les couches de classes se formaient dans la paysannerie et les pressions financières bureaucratiques étatiques et la bourgeoisie rurale et la grande bourgeoisie grandissaient. Certains de ces anciens paysans commencèrent à travailler dans les entreprises capitalistes des villes et rejoignirent la classe ouvrière et certains autres s’installaient dans les banlieues pour constituer l’armée de réserve du travail. La petite-bourgeoisie traditionnelle des villes s’inclinait devant le développement des grands capitaux et sa grande partie rejoignit aussi la classe ouvrière. Mais la petite-bourgeoisie moderne avait accru dans une certaine limite. Les réformes ont porté aussi les derniers coups à la bourgeoisie soi-disant nationale. Seule la classe ouvrière grandissait quantitativement à cause de son important rôle dans la production. Les évolutions expliquées ci-dessus qui ont diminué les contradictions et une dictature politique ont fait que le mouvement populaire était dans un stade de stagnation jusqu’à la fin de la décennie 1960. Toutefois la deuxième moitié de cette décennie a vu l’accentuation des contradictions et la formation des protestations. Les prémices du mouvement contestataire furent estudiantines qui prirent une forme populaire avec l’affaire du suicide de Takhti (un très populaire lutteur iranien qui fut trouvé mort dont les autorités ont annoncé un suicide. – N.D.T.) et la protestation contre l’augmentation des tarifs des transports en commun. Il n’y avait pas encore de mouvements spontanés ouvriers.

Le problème de la lutte organisée, de la relation du mouvement communiste et ouvrier et la nécessité du leadership prolétarien du mouvement devenait essentiel alors que le mouvement grandissait et la tendance au socialisme prenait racine dans les forces potentiellement actives.

Le mouvement ouvrier souffrait du minimum d’organisation et de prise de conscience de classe à cause de la dictature du Chah, des traîtrises du parti Toudeh et de l’arrivée des paysans et des petits-bourgeois de villes qui rejoignirent la classe ouvrière suite aux réformes sans toutefois avoir acquis des principes prolétariens. La disparité, la passivité et l’inexistence de programme étaient la particularité des groupes qui apparaissaient à cette époque-ci. A la suite de l’échec et des scissions à l’intérieur du parti Toudeh deux tendances se formèrent. Une tendance voyait l’échec du parti Toudeh dans la traîtrise de la direction et non pas dans ses politiques réformistes et compromettantes. Elle décida alors de reconstituer ce parti avec une nouvelle direction. La deuxième tendance a pris apparemment des positions contre le révisionnisme et le réformisme du parti Toudeh mais en vérité l’essence des pensées Toudeh était préservée. Elle suivit le mirage d’une longue guerre populaire commençant dans les villages pour conquérir des villes selon le modèle chinois. Ces deux tendances influençaient le mouvement durant une bonne période. Mais elles perdirent de leur influence faute de coupure franche d’avec des tactiques à la Toudeh et de proposer un projet révolutionnaire à la nouvelle situation de la société. Les groupes inexpérimentés disparaissaient très vite sous les coups policiers sans pouvoir joindre la classe ouvrière. Ce fait eut des conséquences négatives sur ces groupes et la passivité propagée par le parti Toudeh s’expliquait. On prétendait que l’on ne peut rien faire pour l’instant, qu’il fallait se protéger et attendre des jours meilleurs. Ces groupes se pourrissaient de l’intérieur et disparaissaient en peu de temps. La crise du mouvement s’aggravait alors à cause des répressions policières, de la perplexité des groupes, de l’impuissance de répondre aux problèmes de la nouvelle situation, de l’impuissance de liaison d’avec la classe ouvrière et des désaccords dans le mouvement communiste international. Les réponses sur mesure et sur modèle russe ou chinois n’ayant rien apporté, les groupes qui ne se résignaient pas et voulaient intervenir révolutionnairement dans la lutte des classes commencèrent à réfléchir sur la fin de la passivité et l’issue de l’impasse. Cela n’était possible que si une analyse précise était faite de la situation économique, sociale et politique existante. Ainsi l’on pouvait obtenir de nouvelles tactiques de lutte et d’organisation. Ce devoir fut assumé par ceux qui devinrent fondateurs de notre Organisation. Pour la première fois une analyse précise fut donnée de la situation précise de l’Iran. Dans le domaine économique, la prédominance du capitalisme fut démontrée. Cette démonstration eut une importance de premier degré car elle fondait les bases des futures luttes des communistes, elle mettait fin au trouble des organisations prochinoises qui présentaient encore la société iranienne comme une société semi féodale – semi colonisée, elle démontrait aussi le rôle de la bourgeoisie dépendante de l’impérialisme dans les événements récents sur lesquels les opportunistes du parti Toudeh s’étaient penchés les présentant comme des actions progressistes du régime. Dans le domaine politique cette analyse démontrait la nature réactionnaire de la dictature du capitalisme dépendant iranien malgré la prédominance des relations de production bourgeoise et sa superstructure politique bourgeoise. Elle définissait ensuite la situation et le rôle des classes dans la société et la révolution iranienne et ses forces génératrices. Les positions furent prises sur ce point se distinguant des tendances du parti Toudeh et ses scissionnaires. L’illusion de la bourgeoisie soi-disant nationale qui aurait pu être révolutionnaire et progressiste fut déclarée inadmissible. Le camarade Ahmadzadeh proposait que malgré la nature démocratique de la Révolution dans son premier stade “la lutte contre la prédominance impérialiste c’est-à-dire le capital mondial entraîne l’implication de certains éléments du capital lui-même.” “C’est pourquoi certains éléments d’une révolution socialiste naissent dans la lutte anti-impérialiste et grandissent au cours de la lutte.” “La bourgeoisie nationale ne peut naturellement pas être persévérante dans ce genre de lutte à cause des conditions historiques de son existence et ses liens avec le capital étranger.” Le camarade Ahmadzadeh alla plus loin et dit: “La bourgeoisie nationale disparaît lentement sous la pression du capital étranger sans avoir cru et sans avoir pu s’organiser.” Sur le rôle et la situation de la petite-bourgeoisie, il précisa : “Elle ne peut jamais devenir une force indépendante politique à cause de ses conditions matérielles de production. Alors elle est obligée d’admettre le leadership du prolétariat ou se confier à la bourgeoisie.” Sur le prolétariat il conclut : “Le prolétariat est quantitativement faible mais qualitativement il dispose d’une grande puissance d’organisation.” Le leadership prolétarien du mouvement est la condition principale de toute révolution victorieuse nous précise-t-il; “Plus l’Etat devient par nature et par apparence bourgeois, plus l’élément socialiste devient important. La lutte contre la prédominance du capital mondial devient une lutte contre tout le capital et la nécessité du leadership prolétarien s’impose davantage.”

Cette analyse économique, sociale et politique fut un grand pas, vu le niveau du mouvement communiste. Il n’est pas étonnant qu’elle fût devenue la théorie dominante du mouvement communiste iranien. L’objectif de cette analyse était de trouver une issue à la crise du mouvement communiste iranien. Le problème était de dépasser les “rassemblements simples” des forces communistes afin de se lier à la classe ouvrière et de rappeler l’importance du leadership prolétarien de la révolution. Le problème de la constitution du parti de classe des ouvriers est devenu à ce moment-là important. Le camarade Ahmadzadeh expliqua : “Notre objectif et celui de tous les groupes communistes doit être la constitution d’un parti marxiste-léniniste. Que faire pour le construire ? Deux devoirs seraient à assumer : nous et les autres groupes devrions éduquer les futurs cadres de ce parti d’une part et d’une autre préparer le contexte d’un tel parti auprès des masses. Nous n’avons jamais constaté la nécessité de la fondation du parti sans que les luttes l’exigent pratiquement et sans que son contexte soit préparé auparavant chez les ouvriers et les masses non ouvrières.”

L’irréalisme de la constitution d’un tel parti était clair car ni les mouvements spontanés ouvriers, ni la relation du mouvement communiste et ouvrier et ni les tactiques prolétariennes n’existaient. Même aujourd’hui, après des années, la difficulté de la constitution du parti persiste malgré une Révolution passée et le niveau incomparable du mouvement ouvrier et communiste.

Nos camarades n’étaient pas du tout des socialistes qui ne font que parler et dont les paroles et les pratiques divergent. Le problème de nos camarades n’était pas seulement d’accepter le marxisme-léninisme mais était de l’appliquer dans la vie réelle. Pour eux le marxisme-léninisme était le guide de la pratique révolutionnaire pour anéantir la crise et l’écart entre la théorie et la pratique révolutionnaire en liant ces deux dernières. Ainsi ils ne restèrent pas perplexes quant à la constitution du parti communiste. Ils corrigèrent leur erreur et conclurent que la voie de la construction du parti de classe des ouvriers est encore très longue. Pour intervenir dans la lutte des classes révolutionnairement ils choisirent le mariage de l’action armée et l’action politique.

De 1971 à 1979

C’était ainsi que l’impasse existante fut brisée. La grande majorité des révolutionnaires communistes iraniens s’organisèrent autour de notre Organisation et de ses luttes. La vie et la lutte de l’Organisation restèrent sauves malgré de nombreux coups portés par la dictature sauvage du régime du Chah et sa police. Jusqu’à l’insurrection de février 1979, notre Organisation était la seule organisation marxiste-léniniste active en Iran. L’influence de la lutte de notre Organisation dans la société et son rôle dans le mouvement fut telle qu’elle est devenue une puissante organisation de masses courant l’insurrection. Elle est devenue la plus grande organisation communiste de l’Iran voire de tout le Moyen-Orient.

Malgré tous les acquis et le rôle positif de l’Organisation dans le mouvement, elle affrontait des erreurs et déviations dues à son bas niveau de connaissances communistes et à l’infiltration des tendances populistes.

Dès le début l’Organisation donna un bilan incorrect des conditions réelles de la Révolution. La tendance économiste à l’époque donnait un rôle absolu à l’élément économique et à la non connaissance des contradictions. Elle ne donnait pas assez d’importance à la dictature et son reflet négatif sur les mouvements spontanés. Face à cette tendance le camarade Ahmadzadeh voyant une partie des réalités, tomba dans une autre déviation. Il n’a pas donné suffisamment d’importance à la non connaissance des contradictions et rendu le rôle de la dictature absolu. Il prétendit que les contradictions se sont accrues suffisamment, que les mécontentements et les protestations existaient suffisamment pour que les conditions réelles de la révolution apparaissent. Seulement la dictature empêchait, selon cette thèse, le développement des mouvements populaires spontanés pour le renversement du régime du Chah. Cette thèse fut élevée contre l’économisme et imposa le gauchisme dans les luttes de l’Organisation. Cette thèse fut rejetée quelque temps après au sein de l’Organisation. Elle n’influença ni le regard général de l’Organisation sur la dictature ni ses tactiques. L’Organisation accepta les théories du camarade Djazani refusant l’existence des conditions réelles de la révolution à ce moment-là mais admettant la tactique armée comme une tactique principale. Malgré l’insistance sur la lutte politique auprès de la classe ouvrière l’admission de la lutte armée eut des conséquences négatives sur l’activité politique de l’Organisation dans la classe ouvrière. La théorie sur la dictature devint tellement importante chez le camarade Djazani qu’elle fit ombre sur la contradiction entre le travail et le capital et la lutte contre la dictature devint une nécessité stratégique. C’est pourquoi les théories du camarade Djazani étaient un pas en arrière par comparaison à celles du camarade Ahmadzadeh. La lutte contre la dictature était devenue une étape stratégique à part entière. Cette théorie alimenta une tendance populiste au sein de l’Organisation. La lutte des ouvriers contre les capitalistes fut subordonnée à la lutte de tout le peuple contre la dictature, ainsi l’indépendance de classe des ouvriers fut oubliée. Ce danger de confusion existe dans des pays où deux fronts de lutte sont ouverts. Deux luttes qui sont différentes par leur nature, leur objectif et leur composition sociale. La lutte de la classe ouvrière contre la classe capitaliste et pour le renversement de l’ordre bourgeois et l’instauration d’une société socialiste ; et la lutte du peuple c’est-à-dire la lutte commune des ouvriers et la petite-bourgeoisie contre la puissance étatique et l’impérialisme dans le cadre de certaines revendications retardées démocratiques, de liberté et anti-impérialistes. Les communistes doivent soutenir les deux luttes et les dirigent. Ne pas donner d’importance à la lutte commune des ouvriers et de la petite-bourgeoisie peut amener au sectarisme et l’isolement de la classe ouvrière et poussera la petite-bourgeoisie vers la bourgeoisie. D’un autre côté donner beaucoup d’importance à cette lutte par rapport à la lutte du travail et du capital peut nuire à l’indépendance de classe des ouvriers et causera même la disparition de la classe ouvrière dans le mouvement populiste.

Notre Organisation n’a pu en vérité établir une relation correcte entre ces deux luttes. Nous n’avons pas donné assez d’importance à la lutte de classe des ouvriers contre les capitalistes qui a pour objectif le communisme. Par contre nous avons préféré la lutte de tout le peuple contre l’impérialisme et la dictature monarchique. En plus dans cette même lutte de tout le peuple nous n’avons pas dessiné les frontières de séparation de la classe ouvrière d’avec la petite-bourgeoisie. Nous n’avons pas insisté sur le caractère provisoire de l’union. Les résultats négatifs de ces non prises de positions contre les tendances populistes commencèrent à se manifester après l’insurrection de février 1979, lorsque la République islamique arrivait au pouvoir. Les tendances opportunistes de droite ont apparu dans l’Organisation et une importante partie des forces de l’Organisation suivirent la République islamique. Dans l’analyse des erreurs et déviations de l’Organisation pendant la période d’avant la Révolution il ne faut pas oublier que ces déviations n’étaient que des tendances et n’affectèrent pas la nature communiste, révolutionnaire et combattante de l’Organisation. C’est justement cette nature qui permit à l’Organisation d’attirer presque tous les avant-gardes ouvriers et intellectuels révolutionnaires communistes pour devenir la plus puissante et la plus influente organisation des ouvriers, grâce aux évolutions du mouvement populaire.

De 1979 à nos jours

Pendant la Révolution de 1979 et une courte période après le renversement du régime du Chah notre Organisation a pu jouer un rôle important dans l’organisation et la prise de conscience des ouvriers dans les plus grands établissements et usines, ainsi des milliers d’ouvriers ont rejoint les rangs de notre Organisation. Le rôle joué de l’Organisation durant cette période pour faire connaître les idéaux du socialisme fut vraiment sans pareil. On peut même dire que presque 90% des révolutionnaires iraniens ont rejoint le mouvement communiste sous l’influence de la lutte, des activités et des convictions communistes de notre Organisation. Mais l’inexistence d’un programme clair et net et aussi des tactiques prolétariennes ont permis aux tendances populistes petites-bourgeoises de se développer dans l’Organisation. Ces tendances se sont cristallisées en un opportunisme sous l’appellation de “Majorité”. Cette “majorité” profita alors de la nouvelle situation populiste pour parler du nouveau régime comme petit-bourgeois révolutionnaire et de la Révolution nationale anti-impérialiste. Elle a réussi à avoir la confiance d’une grande partie de l’Organisation pour soutenir la bourgeoisie et la réaction islamique. Elle rejeta les positions de l’Organisation contre le révisionnisme en général et celui du camp socialiste, elle accepta ainsi les positions du parti Toudeh. La tendance marxiste-léniniste, c’est-à-dire la “Minorité” se forma contre ces opportunistes. La “minorité” a défendu les traditions révolutionnaires communistes de l’Organisation en soutenant les intérêts et objectifs de la classe ouvrière. La “minorité” dénonça la nature bourgeoise-religieuse de la République islamique contrairement à la “majorité”. Elle proposa la mobilisation populaire pour le renversement du régime islamique. Elle critiqua dialectiquement le passé de l’Organisation, condamna les déviations populistes, défendit l’indépendance de classe ouvrière et insista sur les positions idéologiques-politiques contre le révisionnisme et le réformisme dans le domaine national et international. Après un an de débats et de discussions internes, il fut constaté que l’union de ces deux était impossible et la scission était inévitable. La “Minorité” continua sa lutte acharnée contre la République islamique malgré le coup porté par les opportunistes de la “Majorité”, la perte de la plupart des cadres et des membres de l’Organisation et l’atmosphère de dictature islamique qui se confirmait.

L’Organisation est devenue ainsi une organisation influente de masses. Dans cette lutte, des centaines de nos camarades ont été exécutés par le régime islamique ou bien emprisonnés dans ses cachots moyenâgeux. Tout cela n’a pas empêché la “Minorité” de défendre les intérêts de la classe ouvrière et son rôle prépondérant. Au cœur de cette lutte l’Organisation évolua idéologiquement et politiquement. Elle éclaircit ses objectifs et revendications sous forme d’un programme. Elle réussit à obtenir une stratégie et des tactiques biens définies. Ces acquis n’ont pas été faciles bien entendu. Même après la grande scission l’Organisation subit de lourds coups. Cela était dû en particulier aux erreurs, à l’inexpérience et aux déviations que nous n’avions pas ou encore nous débarrasser. Entre 1981-1985 le régime nous a fait subir de très lourds coups. Dans une seule attaque sauvage du régime la plupart des membres du Comité central ont été assassinés et dans un autre heurt armé beaucoup de cadres ont été tués ou exécutés peu après leur arrestation. Cela s’est passé courant 1981. Pendant les quatre années suivantes d’autres coups ont été menés contre l’Organisation. La plupart des camarades arrêtés ont été soit exécutés soit condamnés à de lourdes peines de prison. La sauvagerie du régime fut telle qu’il fit même exécuter les sympathisants de l’Organisation pour de simples distributions de tracts ou des activités auprès des ouvriers. Malgré tout cela notre Organisation resta la seule à publier son organe central Kar (Travail) à l’intérieur du pays et à continuer d’organiser des cellules d’activités politiques dans les quartiers et usines. Après chaque coup l’organisation recommençait pour continuer la lutte. Les coups continuels du régime ont réduit la puissance de lutte de l’Organisation et l’ont affaiblie de l’intérieur d’où l’avènement d’autres scissions. La scission de 1982 en était une. Elle a contribué à l’affaiblissement de l’Organisation et causa le grand coup de l’année précédente. Lorsqu’en 1980 la grande scission “Majorité – Minorité” s’est produite beaucoup de contestataires avaient rejoint la “Minorité” du simple fait qu’elle avait pris une position contre le régime islamique récemment instauré. L’inexistence d’un programme bien fini avait fait que la “Minorité” a manqué le temps pour définir les bases de son unité interne. C’est pourquoi il y avait des tendances qui ont même fini par nier les positions de la “Minorité”. La tendance petite-bourgeoise du début de l’année 1982 ne pouvait pas rester dans l’Organisation de part ses positions idéologiques – politiques fondamentalement différentes. Elle prépara alors sa scission après le premier Congrès de l’Organisation. Elle causa de graves actes anti – organisationnelles. Alors qu’elle faisait des propositions apparemment plus à gauche, elle ne propageait que l’immobilisme. Cet immobilisme et l’opportunisme ont fait qu’elle a disparu complètement après sa scission. Cette expérience nous a enseigné que sans un programme clair et sans obtention d’une série de tactiques aucune unité interne de l’Organisation n’est possible. L’élaboration d’un programme fut mise à l’ordre. Dans les coups contre l’Organisation par le régime et par les scissions multiples, de différentes causes sont à remarquer, entre autres la méthode des activités menées. De 1981 à 1985 après chaque attaque du régime, nous nous efforcions d’être présents dans les domaines politique et de la lutte des classes. C’est pourquoi nous nous concentrions pour nous réorganiser parfois avec des démonstrations de force petites-bourgeoises. Avant de consolider notre organisation nous avions tendance à nous montrer actifs à tout prix. La première Conférence de l’Organisation est déjà très claire à ce propos : “Il est vrai que les coups policiers nous ont limités dans nos activités, mais ceux-ci étaient aussi en relation avec notre forme organisationnelle et la manière dont nous menions des luttes. L’organisation de la lutte des classes et l’intervention active dans cette lutte demandent avant tout une organisation solide, disciplinée et persévérante. Seulement ce genre d’organisation pourra contrecarrer les attaques de la police et accomplir ses devoirs. Notre Organisation manquait de critères nécessaires organisationnels pour continuer à lutter efficacement alors que la dictature l’attaquait sans cesse. Nous avons pensé à développer superficiellement l’Organisation au lieu de créer une organisation solide, restreinte, disciplinée et persévérante auprès des ouvriers. C’est pourquoi les positions organisationnelles se sont effondrées et elle est devenue incontrôlable. Cette forme organisationnelle était accompagnée d’une mauvaise méthode d’activités. L’existence d’une organisation communiste dépend de sa méthode de travail et de la manière dont elle mène ses activités. Une méthode juste demande de la patience dans l’organisation, la prévoyance et le refus de tout acte instantané et des chahuts propagandistes. Nous avons essayé de développer l’Organisation et de reconstruire les parties attaquées par la police pour montrer que nous sommes toujours là et que nos tracts et publications sont distribués. Cette méthode avait un aspect plutôt propagandiste et non prolétarien. Elle était contre la continuité et la solidité de notre Organisation. Elle a rendu notre Organisation plus vulnérable par la police. L’intervention active dans la lutte est nécessaire, l’intervention dans la lutte des classes est vitale mais elle exige une condition, celle d’une organisation solide auprès des ouvriers, une méthode de travail patient et continu loin des tumultes petites-bourgeoises.” Cette mauvaise méthode de travail a eu des conséquences, celles des crises organisationnelles et les scissions qui en ont découlé. Malgré les progrès idéologiques-politiques effectués les formes organisationnelles d’avant-parti survivaient au sein de l’Organisation. cela causa une grave contradiction entre le contenu développé de parti et la forme arriérée organisationnelle d’avant-parti. Les mécanismes et critères de parti pour assurer les relations saines et la résolution correcte des contradictions n’existaient pas. D’une part nous avions des tendances fractionnelles anti-centralistes et d’une autre un centralisme bureaucratique. Un programme de parti et les tactiques de parti demandent une structure de parti et le centralisme démocratique. Le manque de ceux-ci n’entraîne que des crises organisationnelles et des scissions, ce qui s’est passé dans notre Organisation.
Cet ensemble des difficultés de méthode de travail existait depuis la formation de la “Minorité”. Nous en avons tiré les enseignements et essayé de ne plus commettre les mêmes erreurs.

Notre programme est notre boussole aujourd’hui. Il définit nos convictions et nous éclaire la voie de notre action. Nos tactiques précises nous donnent les méthodes et formes de luttes. Notre statut explique notre système organisationnel et définit les règles de nos relations internes.

Le résultat global de ce que notre Organisation a obtenu jusqu’à maintenant est le produit d’un quart de siècle d’activités, de luttes, d’avancées, de reculs, de victoires et d’échecs. Nous avons tiré des leçons de nos erreurs et fautes. Nous ne signalons pas nos services au mouvement communiste et au mouvement ouvrier, nous n’avons fait que notre devoir. Nos fautes, déviations et erreurs pendant ce quart de siècle ont été faites au cours de notre pragmatisme et de nos luttes. Celui qui ne fait que parler ne commet pas d’erreur. Mais un mouvement qui intervient activement dans la lutte peut se tromper à chaque pas. L’essentiel est de critiquer ces erreurs et d’en tirer de leçons. Voilà notre bilan que nous croyons très positif. Nous espérons accomplir notre devoir afin d’organiser et d’aider la classe ouvrière dans la prise de conscience pour la révolution sociale et pour que l’ordre humain communiste s’instaure. Nous saluons la mémoire de tous nos camarades qui ont payé de leur vie pour le socialisme depuis la fondation de l’Organisation. Et nous continuons la lutte.