Alternative capitaliste et alternative ouvrière
La faillite économique, sociale et politique de la République islamique d’Iran est manifeste. Le désordre économique, le désastre social, l’impasse politique, l’accroissement des mécontentements, la baisse du niveau de vie des gens et la frustration des droits démocratiques et des libertés politiques ainsi que les émeutes populaires de plus en plus fréquentes nous enseignent que ce régime va mourir. Cette vérité est tellement évidente que même l’opposition bourgeoise semi-légale proteste à l’occasion de chaque mouvement populaire et demande au régime de partir en douce et de laisser la place à une autre faction de la bourgeoisie avant que cela ne soit trop tard. Mais la nature de la République islamique est telle qu’elle ne peut pas répondre positivement à cette requête. La République islamique n’est pas prête et ne peut pas y répondre par affirmative. Elle ne peut même pas satisfaire un autre conseil de cette opposition bourgeoise qui est sa métamorphose “libérale”. Elle garde à tous prix le pouvoir. Seulement une guerre populaire armée pourra la faire tomber. L’opposition bourgeoise scande maintenant le renversement du régime, l’élaboration d’une assemblée constituante et l’établissement d’un régime parlementaire afin de faire main basse sur le mouvement populaire grandissant. L’expérience de près d’un siècle de règne bourgeois a bien prouvé qu’aucune faction de la bourgeoisie iranienne ne peut, ni ne veut satisfaire les revendications démocratiques et sociales des gens.
Personne ne peut toutefois nier que l’opposition bourgeoise ne pourrait pas établir son assemblée constituante. Mais même dans ce cas-là les droits et revendications des travailleurs seront piétinés, surtout si elle fait appel par exemple aux Moudjahidin du Peuple et à leur Conseil National de la résistance qui “gagneraient” 90% des sièges.
Bref, plus la situation du régime islamique empire et plus le mouvement populaire grandit, plus l’opposition bourgeoise entre dans l’arène avec son assemblée constituante et son régime parlementaire. En même temps elle absorbe toutes les tendances politiques qui proposent la même chose. Ce processus polarisera de plus en plus les sympathisants de l’assemblée constituante et le parlementarisme comme alternative bourgeoise d’une part et les sympathisants d’un Etat soviétique comme alternative des ouvriers et des travailleurs d’autre part. Les tendances vacillantes trouveront finalement leur place dans l’un de ces deux pôles-là. Il est donc du devoir de toute force révolutionnaire et véritablement démocrate de soutenir l’alternative des ouvriers et des travailleurs c’est-à-dire un Etat soviétique. Car seulement cette forme du régime pourra immédiatement et radicalement satisfaire les justes revendications des masses populaires. Dans ce genre de régime les gens ne sont pas inertes, les autres ne décident pas pour eux et ne leur imposent rien. L’Etat soviétique est une véritable démocratie, la plus supérieure. Il ne s’agit pas de comparer le parlementarisme au soviétisme, car la nature ultra-réactionnaire de la bourgeoisie ne donne rien aux gens par rapport à un Etat de conseils (soviétique) qui est largement qualitativement supérieur. Dans une république parlementaire la structure de l’Etat ne permet pas aux gens d’intervenir et de décider directement de leur sort. Dans une république parlementaire les gens vont aux urnes pour choisir un président de la république ou des députés d’une assemblée nationale parmi les candidats qui sont souvent proposés par les partis régnants. Une fois élus, les présidents et députés oublient complètement leurs promesses préélectorales et font leur devoir originel : défendre les intérêts des capitalistes. La fin des élections fait que plus aucun électeur ne pourra demander de comptes aux élus. Même si sous certaines conditions les gens réussissent à élire leurs vrais représentants et obtiennent la majorité, ces derniers ne peuvent rien faire, car les affaires du pays sont dirigées par un monstrueux appareil bureaucratique qui organise la défense de la classe dirigeante et l’exploitation. La bureaucratie qui est une composante inséparable de tout état bourgeois parlementaire ne laisse aucune possibilité aux ouvriers et travailleurs de réaliser leurs intentions et d’obtenir leurs revendications. De plus la république parlementaire est équipée, comme tout Etat bourgeois, des organes militaires et policiers séparés du peuple qui répriment les masses populaires en cas de révolte contre le système capitaliste. Dans cette république soi-disant démocratique parlementaire l’appareil judiciaire est aussi un organe de sauvegarde de l’ordre capitaliste car ces critères ne sont que les lois élaborées par les classes réactionnaires. Celle ou celui qui pense le moins du monde aux intérêts des ouvriers et travailleurs constate que l’appareil d’Etat bourgeois ne peut nullement convenir aux masses populaires travailleuses. Ce dont les ouvriers et travailleurs d’Iran ont besoin et doivent construire sur les ruines de la République islamique est un Etat de type soviétique. Un Etat dans lequel les ouvriers et travailleurs réalisent leurs volontés et les gens interviennent activement dans la vie de tous les jours.
Que sont-elles donc les particularités de l’Etat soviétique que nous défendons ? La plus importante des particularités de ce genre d’Etat est qu’il s’adosse à l’intervention directe et sans intermédiaire des masses ouvrières et travailleuses. Dans cet Etat les ouvriers et travailleurs interviennent dans les affaires du pays depuis la base de la société, c’est-à-dire les conseils d’usines et de quartiers. Ils élisent des représentants qu’ils connaissent bien. Ils ont le droit de les interroger, de les révoquer et de les remplacer à tout moment. Dans cet Etat, le pouvoir direct des gens remplace le système bureaucratique et ses serviteurs. Les responsables d’Etat soviétique ne disposent d’aucun privilège particulier. Non seulement ils sont éligibles et révocables à tout moment, de plus leur salaire ne dépasse pas celui d’un ouvrier qualifié. L’armement général des masses populaires remplacera l’armée et la police pour que le pouvoir direct des gens soit appliqué par les conseils. Dans un tel Etat qui défend les intérêts de la grande majorité de la société, la justice ne protégera plus ceux des capitalistes et des réactionnaires. Les tribunaux populaires seront établis pour appliquer les lois de la volonté des masses travailleuses. Les juges seront éligibles et révocables.
Pour tout être humain consciencieux défendant les intérêts de la grande majorité des gens il est clair que seulement ce genre d’Etat peut être garant de la démocratie la plus supérieure. Celui qui souhaite à l’Iran une vraie démocratie ne pourra que défendre un Etat soviétique. Seulement et seulement une telle démocratie pourra établir les libertés politiques et les droits démocratiques et satisfaire les justes revendications des masses populaires. Nous ne voulons pas prouver ici que sans l’Etat soviétique les revendications socialistes des ouvriers ne sont pas réalisables ; nous voulons simplement affirmer que les revendications de bien-être et démocratiques ne se concrétiseront pas sans un Etat soviétique. Nous voulons affirmer que les libertés politiques ne seront largement instaurées que si un système soviétique s’établit pour que les gens gouvernent directement et le plus démocratiquement possible. Dans un Etat soviétique ce ne sont pas les classes réactionnaires possédantes qui décident de donner la “liberté” ou de la reprendre, ce sont les gens qui l’ont obtenue et la gardent. Pour conserver le système d’exploitation capitaliste la bourgeoisie iranienne a peur des libertés politiques, c’est pourquoi il est dans l’intérêt des ouvriers et des travailleurs de les instaurer le plus totalement possible. Les libertés sont nécessaires pour apporter les connaissances et de l’organisation aux ouvriers et aux travailleurs. La classe ouvrière ne peut pas se libérer de l’ignorance et des superstitions et ne peut pas acquérir la connaissance socialiste, s’organiser comme une classe et par conséquent réaliser ses intentions socialistes sans véritables libertés politiques. La classe ouvrière ne peut pas se contenter des libertés platoniques des républiques parlementaires dans lesquelles seulement ceux qui ont du capital et de l’argent bénéficient des “libertés”. La liberté de pensée, d’expression, de presse, de rassemblement, de manifestation et de grève, de constitution des syndicats et des partis politiques n’est véritablement garantie que dans un Etat soviétique.
Les gens dénoncent le scandale de l’Etat religieux islamique et demandent la séparation totale des affaires d’Etat de la religion. L’opposition bourgeoise s’y met aussi et demande cette séparation. Mais en réalité elle veut maquiller les rapports de l’Etat d’avec la religion et veut les protéger d’une manière latente. Car elle veut garder à tout prix une religion officielle. L’opposition bourgeoise iranienne veut la jonction latente de la religion et de l’Etat afin de conserver les privilèges pour les croyants de la religion officielle et la frustration des autres religions ou des athées des affaires sociales, politiques et de droit. C’est bien la situation qui existait à l’époque monarchique. Par contre un Etat soviétique instaurera une laïcité totale. La religion sera une affaire complètement privée. Tous les privilèges religieux seront abolis. L’Etat soviétique abolira aussi toute distinction de sexes, de races et de nationalités. L’oppression et l’exclusion des femmes dans la société actuelle iranienne sont uniques dans le monde. Les femmes d’Iran ne disposent même pas d’égalités platoniques et limitées des pays capitalistes. Il faut mettre fin à cette situation et instaurer les droits égaux politiques et sociaux entre les femmes et hommes. Aujourd’hui beaucoup prétendent défendre ces droits-là. Mais en réalité ces droits ne seront obtenus que dans un Etat soviétique. Même dans un Etat parlementaire où l’on reconnaît apparemment ces droits, beaucoup de restrictions existent.
Pour la question nationale c’est toujours un Etat soviétique qui proposera une solution démocratique et radicale. Depuis très longtemps la bourgeoisie iranienne réprime les nations non-persanes de l’Iran et piétine leurs droits. Les réactionnaires islamiques n’ont pas fait exception et ont répondu par la force aux revendications des peuples. L’opposition bourgeoise n’aura aucune solution à ce problème. Elle y répondra comme les régimes monarchique et islamique. Elle étouffera ce problème-là dans le sang. L’Etat soviétique reconnaîtra l’autonomie des peuples. Il annoncera qu’il est de l’intérêt des ouvriers et travailleurs des différents peuples de constituer un seul Etat unifié, mais cette unité ne sera pas obligatoire. Ce sont les différentes nations d’Iran qui doivent décider de rester ou de partir du cadre du pays. Ceci est la seule solution juste, logique et démocratique. L’Etat soviétique agira d’une manière persévérante pour établir les libertés et droits démocratiques. Il agira de la même façon dans les domaines économiques. L’Etat soviétique doit mener une série d’actions immédiates pour faire sortir le pays de la situation économique désastreuse actuelle et démocratiser l’économie du pays.
En Iran les plus importantes industries, établissements de productions et de services appartiennent aux grands capitalistes, au clergé, à l’Etat des bourgeois et des monopoles internationaux. Ils empochent de gros profits de l’exploitation des ouvriers et rajoutent à leurs grands capitaux. Alors que les salaires de misère ne permettent même pas aux ouvriers de subvenir à leurs besoins les plus élémentaires. Pour améliorer la situation économique il faut nationaliser toutes ces grandes industries et ces établissements. L’opposition bourgeoise est bien sûr contre cette mesure. L’Etat soviétique des ouvriers et travailleurs persiste sur cette nationalisation. Le contrôle des affaires économiques et leur démocratisation exige que les ouvriers contrôlent la production des établissements nationalisés ou ceux qui ne le seront pas immédiatement. Ce contrôle doit intervenir dans tout ce qui concerne la production, la comptabilité, les recrutements ou licenciements etc. Il est évident que même le plus “démocratique” des Etats parlementaires n’accepte pas ce genre de contrôle. La bourgeoisie est contre l’abolition des secrets commerciaux. Elle ne veut pas que les ouvriers connaissent le niveau véritable des profits. Le contrôle de production doit être suivi par un contrôle populaire de la distribution. Ceci exige la nationalisation du commerce extérieur. La distribution des produits doit intervenir dans des coopératives. Les capitalistes sont bien entendu contre ce système de distribution. L’un des autres problèmes à résoudre de la démocratisation de l’économie iranienne est les impôts. En Iran il y a les impôts directs et indirects. Les revenus fiscaux de l’Etat actuel iranien proviennent des impôts indirects. Autrement dit ils viennent des produits et des services que les gens utilisent tous les jours. Les riches et les pauvres payent actuellement ces impôts-là et comme la grande majorité des gens, les ouvriers et travailleurs les achètent tous les jours, c’est encore eux qui payent plus. Les capitalistes et riches qui constituent la minorité de la société ne payent donc qu’une petite part de ces impôts-là. Ce système d’imposition est injuste et va à l’encontre des intérêts des masses travailleuses. Celui qui n’a rien ne doit pas payer. Il faut donc abolir le système d’imposition indirecte et seulement percevoir des impôts directs. Il faut faire payer ceux qui ont beaucoup de profits et de richesses. Avec le système actuel les plus riches payent le moins. Seul l’Etat soviétique des ouvriers et travailleurs pourra élaborer un système d’imposition progressive selon l’importance des richesses.
Pour le bien-être public seul un Etat soviétique peut réaliser une série d’actions générales immédiates. La santé et les soins doivent devenir gratuits. Les établissements et services médicaux doivent être développés. L’éducation gratuite et obligatoire jusqu’à la fin du baccalauréat doit être assurée. Avant de mettre en marche un projet à long terme des habitations, le loyer de celles-ci doit devenir proportionnel aux salaires des ouvriers. Il faut confisquer les bâtiments et appartements vacants des grands capitalistes et de l’Etat.
Il faut verser aux chômeurs le salaire mensuel équivalent aux besoins d’une famille de cinq membres. Il faut que l’état prenne en charge les personnes âgées et les enfants sans tuteurs dans des centres prévus à cet effet.
L’Etat soviétique réalisera les revendications particulières des ouvriers et des paysans. Tous les facteurs et analyses démontrent que la réalisation des revendications des gens dans les domaines économiques, sociaux et politiques passe par le renversement du régime de la République islamique et par l’instauration de l’Etat soviétique en Iran. Aucun Etat bourgeois, même une république parlementaire, ne pourra satisfaire les revendications populaires. Toutes les oppositions bourgeoises prétendant à la démocratie et aux libertés mentent aux gens et les trompent. Les ouvriers et travailleurs d’Iran ne se laisseront plus tromper par ces charlatans. Ils renverseront ce régime néfaste islamique et instaureront un Etat soviétique. Maintenant la situation des luttes populaires oblige les différentes tendances politiques de définir leur place soit dans l’alternative bourgeoise soit dans celle des ouvriers et des travailleurs. L’Etat soviétique est la seule alternative des ouvriers et des travailleurs et de toutes les forces révolutionnaires, progressistes et véritablement démocrates.